lundi, août 22

Un possible..

Se pourrait-il ?

Qu’enfin je connaisse les rivages rassurants d’une île sans volcan ?


Se pourrait-il qu’à moi aussi, l’âme volatile capricieuse toute de drame pétrie, arrive le bonheur ?


Non pas l’éphémère d’une glace au chocolat, ni le tendre émoi  devant le sourire d’un enfant, ni la beauté vertigineuse de quelque nature grandiose…


Le bonheur pas seulement intense mais diffus.

le genre de bonheur qui ne se conjugue pas seulement au présent, mais aussi au futur...et fait oublier le temps, et fait oublier les blessures.



Se pourrait-il que les pluies tombent une nuit et que du sable brûlé surgisse une fleur ?

Je ne m’alarmais pas, je ne pensais pas, j’oubliais.


 Je pensais que pour être ce qu’on est, il fallait une bonne dose de frustration,  qui engendre une rage, qui engendre des questions…


Je pensais que le bonheur abrutit...que le bonheur adoucit et les écorchures de l’âme et la ferveur des mots, que le bonheur arrondit les coins, qu’il est silence, qu’il est frein.


Se pourrait-il que de l’océan naisse une Atlantide, que le destin attende au détour ?


Que mon cœur connaisse enfin l’amour ?

mercredi, août 3

Leur faim est une honte, la mienne est un rite !


Je suis supposée ressentir le chagrin de l’estomac vide, le chagrin de la soif, parce que la tristesse de l’eau est infinie, mais devant la table du crépuscule, la honte me scie.


Leur faim est ma honte, et ils sont un milliard et demi.


Peut-être, mon jeûne est une solidarité, mais c’est une solidarité inutile, elle ne les rassasiera pas !

Je ne sais pas, je ne sais pas comment tendre la main pour leur donner mon assiette et vider le frigo dans leurs ventres gonflés d’air, je ne sais pas comment sauver leurs enfants agonisants, leurs morts s’entassent sans prendre de place.


Leur faim est une honte.


Pas seulement la mienne, elle est notre honte à tous. Il faut voir, l’argent que facture l’OTAN pour une heure de vol au dessus du ciel Lybien, combien de bouches nourries, combien de bébés repus, mais la vie n’a pas de prix, seul le pétrole compte, seul le goudron noir, un désert qu’ils veulent éventrer, et quelque part, quelque part, des cris ne portent pas, des squelettes marchent et puis tombent, et comme le soleil brûle leurs peaux, et comme leur terre n’a que le sable en dessous, personne n’entend !


Ces Islamistes du Golfe qui interdisent aux femmes de conduire, de voter, de travailler, ces messieurs qui viennent en donneurs de leçons, qui font le jeune -dit-on- pour jeter la bouffe après, leur argent, leur pétro dollars qui leur crèvent le ventre et les poches, où est-il maintenant ?


Dieu, dans nos prières, nous avons des « je », des « mon », et eux, même leurs cœurs résonnent de silence, leur supplice est assourdissant. 


Si le ramadan musulman et la charité chrétienne, n’arrivent pas à les sauver, si l’homme que Tu as crée est si dépourvu de pitié et de compassion, il reste Ton Miracle et Ta Main. 


Si ma faim n’est qu’un rite, si elle commence avec l’aube et finit quand finit le soleil, leur souffrance est un tunnel sans fin, une pierre de Sisyphe qui roule et qui roule.


Leur faim est une honte, leur fin est une honte.