mardi, décembre 13

Allo maman encore !




Allo maman…Encore, rien ne va plus.

J’avais tort de garder mes maux d’enfant, mais les bleus ont disparu, seules les plaies restent ouvertes, rien n’y fait.


Maman, où est mon pays ? Celui des gens libres, celui des gens confiants ? Où est mon pays sans le fossé croyant/non croyant ?
Maman, quand est ce que s’est brisée la terre sous nos pieds ? Quand s’est produite la fêlure ? Pourquoi ne crie-t-on plus pour la liberté ? 


J’avais tort de penser que j’étais partout chez moi, il y a plus d’exil dans les regards inquisiteurs que dans les rues de Paris, il y a plus d’exil dans le tunisien qui m’abjure que dans l’étranger qui me nargue…Quand maman s’est produit l’accident, l’incident ?


Depuis quand on aliène la sagesse et on se lance des fioles de poison sous  le dôme et sous le ciel étoilé ?
Depuis quand la haine est née ?


Partout où je vais, les gens se lâchent la main, se toisent de haut, de bas, se toisent sans se regarder. Partout où je vais, le cœur n’a plus de chagrin, que le fardeau de sa couleur, le bleu de l’encre n’a toujours pas quitté nos doigts, nous serons toujours renvoyés vers nos choix, quelque soit le moment, quelque soit l’intense, nous ne guérirons pas.


Du temps maman où la haine d’une dictature nous unissait, du temps où on insultait la même pieuvre, du temps où l’ennemi avait le visage découvert et hideux, du temps du silence aigre doux…


Et maintenant, tout est voilé, le visage, le mensonge, les ennemis non déclarés.

Du temps où le cri s’est mué en silence…Maman tout blesse même l’absence.