jeudi, septembre 29

Palestine.



Je n’en peux plus de l’hypocrisie,  je n’en peux plus de leur diplomaties, leurs Ferrero Rocher et queues de pie. Ils se foutent des gens, ils se marrent des déportés, des réfugiés, des sans abris et des affamés ; dans leurs hautes sphères, leurs tours d’ivoire, leur hémicycles en marbre noir…


Un état palestinien ? Faut-il encore poser la question ? Un état ! rien que ça ! Donnez-leur un nom, une putain* de chaise dans votre table ronde ! Rien que ça ! Donnez-leur une frontière, un gentilé, un nombre ambulant de population, que les réfugiés puissent se dire : « un jour je reviendrai ». 
Que les mères puissent enterrer leurs fils, qu’on arrête de les trimballer.


Comme les arbres de leurs terres, ces gens sont de là-bas.
Comme les arbres, ils plongent leurs racines aussi loin qu’ils le peuvent.
Comme les arbres là-bas, ils s’entêtent à vivre mille ans...
Leurs cimetières sont mouvants, comme les ruines qu'on leur laisse.


Donnez-leur un état, ce n’est pas une faveur dans le palais des sultans, ce n’est pas une friandise qu’on refuse à un cheval aux dents gâtés,  c’est le droit à la nationalité inscrit dans leurs registres depuis 300 ans, le droit à la terre, le droit au soleil…
Qu’une fois, ils aient le courage...qu’ils aient l’honnêteté de redonner un chiffon au pauvre qu’ils ont détroussé,  la peau de taureau de Didon. 


Si je pouvais leur ôter l’air des poumons, qu’ils sachent ce que c’est que de vivre en asphyxie, en apnée de la patrie.


Et quand tout un peuple clame son droit à l’identité, eux, ils reportent, atermoient et rentrent pour dîner.


Je n’en peux plus de leurs bêtises, je n’en peux plus de leurs serments, de leurs promesses à la Q10, de leurs costumes à trois boutons. 

Donnez-leur un nom, une patrie, un drapeau et une vie.


vendredi, septembre 23

Maman j'ai encore oublié, pardon !



J’ai oublié quelques fois le nom de ma cousine (qui est aussi ma voisine). J’ai oublié des dizaines de fois les clés dans la serrure, l’endroit où j’ai garé ma voiture ; j’ai oublié d’appeler, de rappeler, de décrocher, j’ai oublié d’oublier.


Je me suis oubliée dans le métro, dans les embouteillages, au milieu de la nuit, au milieu d’un rêve qui s’évanouit, j’ai oublié de rêver aussi.


J’ai omis de dire la vérité, j’ai omis de signaler l’erreur, d’estampiller le bonheur. Des numéros de rue m’ont échappée, des noms de gares, et la surface des pays, le diamètre de la terre, la dixième particule de PI, le prix de ma robe quand elle est un peu chère, la couleur de l’aube quand le cœur n’y est plus, et l’odeur de la nuit.


J’ai oublié le bruit des vagues en attendant l’été, et la danse sourde des flocons blancs, l’hiver parisien, le nouvel an, et les lumières d’un stade, une main orangée.



J’ai même oublié l’essentiel, j’ai pardonné par omission, quelquefois la rancune protège, quelquefois non.
Quand on est petits, on nous répète souvent « retiens tout, souviens toi, entasse, apprends » et j’ai appris…en grandissant, on nous dit « oublie » et personne ne dit comment.


Alors maintenant, j’ai la mémoire en passoire, mon sac est un foutoir, mon fourre tout, mon vide poche, mes porte monnaies, tout déborde sauf le souvenir…


J’ai des fois oublié de descendre à la bonne station, j’ai des fois raté la bonne sortie, manqué la ruelle, manqué un battement.


Je navigue entre les trous de mémoire, « que de choses dont je n’ai pas besoin » que des feuilles mortes dans le cerveau encombré, j’en ai oublié et pourtant, avec les anciens codes d’entrée, les mots de passe oubliés, quelquefois, les réminiscences s’amusent.



Et tant qu’on n’oublie pas de vivre…C’était bien hier, tout ira mieux demain.

mercredi, septembre 21

Take it easy...


J’ai flingué ma matinée en lisant un livre triste, un passage de pur désespoir à 9h du matin.


Et j’ai passé les heures qui suivent à me chercher une poussière dans l’œil, une vague dans l’âme, un bémol dans le si…je me suis fabriquée un drame, je voulais que la larme vienne de moi et non de la fiction, je ne crois plus à la fiction.


Des mois à regarder la télé, le casse du siècle, les pays pillés, les révoltes qui se muent en révolution, la poisse, les pieux mensonges, la pourriture des politiques, la fausse éthique des journalistes. Je ne crois plus à la fiction, elle est, et de loin, dépassée par la réalité.


J’ai pleuré donc une Anouk morte, quelque part, une infirmière a vécu sa vie, et j’ai pleuré toutes les mères que leurs enfants abandonnent, tous les enfants abandonnés, et les obèses et les affamés…la tragédie terrestre, et parce que la peine était trop grande, j’ai voulu la réduire à mon échelle, à mon échelle, elle devient poussière, ridicule et empruntée, j’ai eu honte de mes larmes, honte de ma peine, quand on peut sourire, il ne faut pas se priver.


J’ai donc repris mon croissant, mon café, mes rendez-vous retardés, mes bobos, mon bleu de la veille, mon lit défait, Mika efface les relents des mots lus…« Take it easy ».

vendredi, septembre 16

FOU-taises


 Il y a de ces fous qui ne s’assagiront jamais, qui ne veulent que leur barbe et leurs torchons, leur harem et leurs valets, comme autant de siècles qu’on efface de l’histoire, comme autant de mains sur la flamme des bougeoirs et des chandeliers.


Il y a de ces fous qui ne s’assagiront jamais, comme autant de barreaux qui ne les encerclent plus…Les criminels en fuite gagnent en aura, et le RCD lui se terre, ses noms nous échappent parfois, mais celui qui disait oui au diable ne saura plus dire non ! Et les billets verts qu’il tasse dans ses poches reprisés, ne se transformeront pas en terre.


Il y a ce pauvre peuple qui a donné de son sang, de sa voix enrouée, qui a donné de ses jeunes, de sa force, et regardé ses usines brûler, les rues devenir d’énormes présentoirs, la vie encore plus chère, l’argent encore plus rare, et qu’on déchire et qu’on partage sur des tables mi ovales mi losange, l’impunité des anges.


Il n’est pas d’amour heureux, même vers sa patrie, même vers ses gens…Et parfois, il ya le ressentiment. Pourquoi nous ? Je nous pensais…accepte qu’ils soient différents, accepte la bassesse, et la cupidité, il faut de tout, accepte leur illusion de détenir la vérité…accepte ces ombres qui rôdent, et les doutes qui pèsent, et ces fous qui ne s’assagiront jamais.


Ceci est mon pays, il n’est pas parfait, il tangue, chavire et si on ne tire pas il s’en sort, mais parfois ils tirent et j’attends…l’exil dans les rues, et l’exil dans les cœurs qui se ferment doucement, et quand viendra le jour où je ne reconnaîtrai plus la rue, ni les visages masqués, ni la haine du différent dans les regards voilés, quand viendra le jour où on pillera encore les ruines, les caisses et les morts, je cèderai l’envie de folie aux furieux…il n y a pas d’amour heureux.

dimanche, septembre 11

Et pour le reste, il y a MasterCard®



Que nous arrive-t-il enfin ?
On est un 11, une dixième fois, sur les télés ça tourne en boucle, les 120 minutes qui ont scellé nos destins.

8000 Afghans morts pour venger 3000 New-yorkais.

Le sang Américain n'a pas de  prix, et pour le reste, il y a MasterCard®.

Un dictateur sous un puits de pétrole à l’autre bout du monde qui menace leurs têtes blondes, et on abat des milliers d’irakiens.

« Ces gens » jettent la bouffe dans l’océan et se nourrissent paraît-il de pétrole, des oléo-vampires, des faiseurs de martyrs.

Partout où leur argent sale les mène, le paysage est désolant, les oliviers de Palestine sous leurs décombres, les sublimissimes palmiers de Samourra à jamais morts.

Des arracheurs d’arbres et de rêves...Leur catastrophe passe en boucle. Sur les télés, leur angoisse était réelle je sais, la poussière et sa nuit, deux trous dans leur cité gratte-ciel…
Mais tous les jours, ils oublient de montrer la terreur brune des afghans, le sang épais des blessés qu’ils font…
Leur panique est historique, celle des autres est quotidienne, et le sang ailleurs est moins rouge ou plus gris, le sang américain, lui n’a pas de prix.

On a violé leur air une fois, une matinée de ciel bleu. Une fois ! Ils ont connu ce qu’est l’invasion, ce qu’est l’intrusion…une fois ! On a profané leur sainte intégrité…et chaque jour, leurs hommes en vert sillonnent les déserts gorgés d’ors, et narguent les hommes et narguent les morts.


Il y a de ces femmes qui meurent, il y a de ces enfants qu’aucune télé ne filme, des regards qui s’éteignent et dont on ne saurait plus jamais ce qu’ils cachaient, si bien, si mal, si loin.
Même les écrans suivent l’aimant, même la cathode oublie, et la misère, elle, a un prix.