mardi, novembre 15

Va, je ne t'en veux point, pas encore...







Si un jour notre démocratie devient une façade, si on va voter pour choisir une tête entre les mille têtes d'un même monstre, si un jour, ils bâtiront leurs gloires sur les épaules de nos libertés, si un jour, pour contrecarrer le désespoir, ils renvoient les gens à leurs prières du soir, je vous en voudrai.



Si un jour, pour oublier le prix du pain, on va nous sortir Israël, si pour éduquer nos enfants, il faut séparer la fille du garçon, laver le savoir de l’art, juger démesurément, je vous en voudrai.
Rien ne présage au meilleur.


Si un jour, je vous surprends à baisser les bras, à vous terrer chez vous, parce que l’envie de crier s’est tue, parce que vous avez abandonné le combat, parce qu’il est plus facile de suivre le troupeau, je vous en voudrai.
 

Ne cédez pas, ne cédez jamais, pour toutes les femmes libres et éduquées, pour les futurs enfants qui peupleront les cours des écoles, pour nos étés festifs, notre culture du beau, du bon, ne cédez pas.


Si un jour, nos rues deviennent une prison de femmes, si nos livres deviennent des machines à laver, je vous en voudrai, mais ma rancune n’a pas de poids, tous les fœtus pas encore nés vous en voudront pour la prison que vous leur destinez.


Ma rancune n’a pas d’importance, mais celle d’un peuple envers lui-même est une schizophrénie. Ne séparez pas le bien du mal, ne dessinez pas en noir et blanc. N’effacez pas votre histoire, ne reniez pas le pluriel en nous, la faute en nous, le doute est la seule voie vers la raison. N’abandonnez pas la clémence, n’oubliez pas le pardon. 


Si un jour, toutes nos femmes se ressemblent, si un jour tous nos hommes sont des copies lobotomisées, je vous en voudrai. Mais ma rancune est une plume, leur rancœur est un monstre, ne distillez pas ce poison dans les rues paisibles, ne tuez pas le jasmin. 


Donner le choix est humain, mais le jugement est divin.
Et Dieu est Grand.

samedi, novembre 5

L'Homme est une île.





J’ai décidé d’oublier, je suis une île en plein océan, je n’ai pas de télé, je n’ai pas de radio, poupée de cire, poupée de son.

J’ai décidé le temps d’un battement, de couper mes racines, mes ailes et le cordon, je flotte, légère, superficielle, un corps, un plancton.


Je suis une île, le ciel en dessus est immense.
Les souvenirs sont des chaînes, la pensée de déchaîne, à quoi bon leur céder le soleil ? Ils voudront les étoiles, ils voudront le sommeil.


J’ai décidé de partir -dans ma tête- de temps en temps : je tire les fils, débranche les prises, éteins le wifi, et plus rien ne m’atteint, tout semble si loin…et le monde retrouve ses dimensions.

A quoi bon se démener, rien ne change, des volontés se brisent et d’autres s’arrangent.
Les faiseurs de pluie et du beau temps ne m’auront pas.

Un papillon ! Je ne porte que la couleur de mes pigments, je n’ai pas d’épaules pour les fardeaux, je n’ai pas d’oreilles pour les rumeurs, je n’ai pas de mémoire pour les adieux.

Aujourd’hui, je n’ai pas de nom, je n’ai pas de patrie, je n’ai pas d’âge, pas de vécu. Aujourd’hui, je suis l’être humain, parmi les 7 milliards que nous sommes devenus, un corps en marche, un esprit libre, et pas de serment, pas de sermons. 

 
Un poisson rouge, une tulipe sauvage, la femme est une plante, dit-on.
L’insoutenable légèreté de l’être, quand il est féminin, une mousse de soi, mousseline de soie.


Si je nous dessinais, j’épuiserais les couleurs de mes ailes, si je nous écrivais, j’épuiserais la sève des fleurs, et quand je me tais, quand ils se taisent, vient seulement le bonheur.

vendredi, novembre 4

Le marteau et l'enclume



On nous dit des gens meurent de faim à 10 kilomètres de la capitale, où va notre combat ? 

On nous dit que des étudiantes non voilées sont agressées, où va notre combat ? 


On nous dit de lâcher la liberté le temps de remplir leurs ventres. Nous n’avons jamais connu la faim. Ils ont coché sans savoir, le geste du pauvre est fébrile.  


J’aimerais qu’ils disent nous ne lâcherons rien, j’aimerais savoir que nous n’aurons plus à se demander si la misère insoupçonnée existe encore derrière les haies bien taillées de nos jardins.

J’aimerais qu’on nous dise comme à des enfants, tout va bien, TOUT, pas de compromis, et j’aimerais que comme des enfants, nous les croyons aveuglément.