Le Doute
Cet instrument de torture, cette corde à peine lâche, tout
autour du cou.
Syllogisme de la raison : si je doute, je souffre de mon incertitude, de l’absence de
conviction.
Mais le chemin le plus sûr vers le savoir passe par ce
gouffre, alors on souffre, on souffre.
Je regarde hébétée la tranquillité des insouciants, et leurs
énoncés sans peut-être, l’imperméabilité de leurs lettres.
Je m’étonne constamment, des catégoriques oui et non.
S’il faut souffrir pour être belle, il faut souffrir, aussi,
pour être sage, ou du moins, pour comprendre, toujours, d’où nous venons,
où nous allons.
La Femme...
Chaque jour, en assemblée ou en solo vous vous penchez sur
sa question, sur ses droits inexistants, chaque jour vous avancez d’un an l’âge
de se défloraison. Chaque jour vous prenez votre plaisir en lui volant le sien,
vous inventez ses liens, et d’autres inventent le dernier remède ou la dernière
arme, mais vous, vous, il vous faut avant tout régler l’épineuse question du
sexe…faible.
Quand d’autres que vous sillonnent la terre, d’autres que
vous soignent les maux des créatures de Dieu, vous vous enfermez dans vos
abysses et cherchez, cherchez encore comment lui enlever un savoir, comment
l’empêcher d’apprendre, comment lui enlever le bonheur et le rendre dépendant
du vôtre.
Chez vous, la virilité se mesure en longueur de barbe, la
sagesse en nombre d’interdits, vous érigez des murs à chacun de vos pas, votre
voix est toujours à un octave de plus, chez vous, vous pensez détenir LA
vérité, vous pensez toujours avoir raison, vous divisez ce monde en deux, les
condamnés et vos partisans, vous arrivez à fragmenter un pays, une famille en morceau, à ébrécher les miroirs
fragiles de nos perceptions
L’Amour
J’ai mis un nom sur ma machine à
sang, à sons. J’ai mis ton prénom, j’ai mis des poèmes et des versets, j’ai
écrit ‘toujours’ avant de savoir, je n’ai pas eu peur, j’ai gribouillé des A,
partout sur mes cahiers, partout sur mes carnets, et meublé nos silences par la
cacophonie des mots.
J’ai pensé que mon cœur ne
connaît que l’automne, que l’hibernation se transformait en glace, que je
n’avais droit qu’à ça…que je ne pouvais pas avoir plus, parce que trop
ordinaire, égoïste parfois, parce que émotive, pleurnicharde, romantique…pour
mille raisons.
Tu me dessines des arcs en ciel,
tu me dessines des roses, tu me dessines un avenir, tu allumes une lumière et
le monde est différent.
Personne avant toi n’a pris mes
couleurs et n’a dessiné pour moi un ciel plus bleu, personne avant toi ne m’a
regardé avec tes yeux.