mardi, décembre 13

Allo maman encore !




Allo maman…Encore, rien ne va plus.

J’avais tort de garder mes maux d’enfant, mais les bleus ont disparu, seules les plaies restent ouvertes, rien n’y fait.


Maman, où est mon pays ? Celui des gens libres, celui des gens confiants ? Où est mon pays sans le fossé croyant/non croyant ?
Maman, quand est ce que s’est brisée la terre sous nos pieds ? Quand s’est produite la fêlure ? Pourquoi ne crie-t-on plus pour la liberté ? 


J’avais tort de penser que j’étais partout chez moi, il y a plus d’exil dans les regards inquisiteurs que dans les rues de Paris, il y a plus d’exil dans le tunisien qui m’abjure que dans l’étranger qui me nargue…Quand maman s’est produit l’accident, l’incident ?


Depuis quand on aliène la sagesse et on se lance des fioles de poison sous  le dôme et sous le ciel étoilé ?
Depuis quand la haine est née ?


Partout où je vais, les gens se lâchent la main, se toisent de haut, de bas, se toisent sans se regarder. Partout où je vais, le cœur n’a plus de chagrin, que le fardeau de sa couleur, le bleu de l’encre n’a toujours pas quitté nos doigts, nous serons toujours renvoyés vers nos choix, quelque soit le moment, quelque soit l’intense, nous ne guérirons pas.


Du temps maman où la haine d’une dictature nous unissait, du temps où on insultait la même pieuvre, du temps où l’ennemi avait le visage découvert et hideux, du temps du silence aigre doux…


Et maintenant, tout est voilé, le visage, le mensonge, les ennemis non déclarés.

Du temps où le cri s’est mué en silence…Maman tout blesse même l’absence.

mardi, novembre 15

Va, je ne t'en veux point, pas encore...







Si un jour notre démocratie devient une façade, si on va voter pour choisir une tête entre les mille têtes d'un même monstre, si un jour, ils bâtiront leurs gloires sur les épaules de nos libertés, si un jour, pour contrecarrer le désespoir, ils renvoient les gens à leurs prières du soir, je vous en voudrai.



Si un jour, pour oublier le prix du pain, on va nous sortir Israël, si pour éduquer nos enfants, il faut séparer la fille du garçon, laver le savoir de l’art, juger démesurément, je vous en voudrai.
Rien ne présage au meilleur.


Si un jour, je vous surprends à baisser les bras, à vous terrer chez vous, parce que l’envie de crier s’est tue, parce que vous avez abandonné le combat, parce qu’il est plus facile de suivre le troupeau, je vous en voudrai.
 

Ne cédez pas, ne cédez jamais, pour toutes les femmes libres et éduquées, pour les futurs enfants qui peupleront les cours des écoles, pour nos étés festifs, notre culture du beau, du bon, ne cédez pas.


Si un jour, nos rues deviennent une prison de femmes, si nos livres deviennent des machines à laver, je vous en voudrai, mais ma rancune n’a pas de poids, tous les fœtus pas encore nés vous en voudront pour la prison que vous leur destinez.


Ma rancune n’a pas d’importance, mais celle d’un peuple envers lui-même est une schizophrénie. Ne séparez pas le bien du mal, ne dessinez pas en noir et blanc. N’effacez pas votre histoire, ne reniez pas le pluriel en nous, la faute en nous, le doute est la seule voie vers la raison. N’abandonnez pas la clémence, n’oubliez pas le pardon. 


Si un jour, toutes nos femmes se ressemblent, si un jour tous nos hommes sont des copies lobotomisées, je vous en voudrai. Mais ma rancune est une plume, leur rancœur est un monstre, ne distillez pas ce poison dans les rues paisibles, ne tuez pas le jasmin. 


Donner le choix est humain, mais le jugement est divin.
Et Dieu est Grand.

samedi, novembre 5

L'Homme est une île.





J’ai décidé d’oublier, je suis une île en plein océan, je n’ai pas de télé, je n’ai pas de radio, poupée de cire, poupée de son.

J’ai décidé le temps d’un battement, de couper mes racines, mes ailes et le cordon, je flotte, légère, superficielle, un corps, un plancton.


Je suis une île, le ciel en dessus est immense.
Les souvenirs sont des chaînes, la pensée de déchaîne, à quoi bon leur céder le soleil ? Ils voudront les étoiles, ils voudront le sommeil.


J’ai décidé de partir -dans ma tête- de temps en temps : je tire les fils, débranche les prises, éteins le wifi, et plus rien ne m’atteint, tout semble si loin…et le monde retrouve ses dimensions.

A quoi bon se démener, rien ne change, des volontés se brisent et d’autres s’arrangent.
Les faiseurs de pluie et du beau temps ne m’auront pas.

Un papillon ! Je ne porte que la couleur de mes pigments, je n’ai pas d’épaules pour les fardeaux, je n’ai pas d’oreilles pour les rumeurs, je n’ai pas de mémoire pour les adieux.

Aujourd’hui, je n’ai pas de nom, je n’ai pas de patrie, je n’ai pas d’âge, pas de vécu. Aujourd’hui, je suis l’être humain, parmi les 7 milliards que nous sommes devenus, un corps en marche, un esprit libre, et pas de serment, pas de sermons. 

 
Un poisson rouge, une tulipe sauvage, la femme est une plante, dit-on.
L’insoutenable légèreté de l’être, quand il est féminin, une mousse de soi, mousseline de soie.


Si je nous dessinais, j’épuiserais les couleurs de mes ailes, si je nous écrivais, j’épuiserais la sève des fleurs, et quand je me tais, quand ils se taisent, vient seulement le bonheur.

vendredi, novembre 4

Le marteau et l'enclume



On nous dit des gens meurent de faim à 10 kilomètres de la capitale, où va notre combat ? 

On nous dit que des étudiantes non voilées sont agressées, où va notre combat ? 


On nous dit de lâcher la liberté le temps de remplir leurs ventres. Nous n’avons jamais connu la faim. Ils ont coché sans savoir, le geste du pauvre est fébrile.  


J’aimerais qu’ils disent nous ne lâcherons rien, j’aimerais savoir que nous n’aurons plus à se demander si la misère insoupçonnée existe encore derrière les haies bien taillées de nos jardins.

J’aimerais qu’on nous dise comme à des enfants, tout va bien, TOUT, pas de compromis, et j’aimerais que comme des enfants, nous les croyons aveuglément. 

jeudi, octobre 13

Ma figue, mon raisin.

Nous commencerons quand s'arrêtera l'insulte mais je doute que nous commencions un jour...


Nous renaîtrons quand -avec le pardon- on fait rimer action, quand avec l'oubli, on se rappelle la Patrie.


Quand la dernière génération des applaudisseurs ne sera plus, la dernière génération de corrompus, qu'avec les fugitifs, partent aussi les métastases qui nous gangrénaient.


Nous commencerons quand s'arrêtera le meurtre de l'identité, et le débat sur l'identité, et la photo sans visage...


Quand on tuera le souvenir pour ne vivre que pour elle, respirer par elle, la femme en rouge et blanc.

Nous revivrons heureux quand l'air aura changé, quand les guerres seront terminées, quand ils occuperont leurs chaises et qu'on les dégoûtera des sièges.


En attendant, je perds puis ramasse l'espoir éparpillé, guette le souffle des insurgés...mi figue mi raisin, mi tort mi raison.

mercredi, octobre 5

S.O.S compulsion S


Chocolat : c’est fait !

achats inutiles : c’est fait !

Pulsion du sommeil : c’est fait aussi !

je rajoute l’envie de parmesan, de crêpe au thon, du gilet à motif montagnard de ‘Paul and Joe’, du sac en fourrure de ‘Lollipops’..


Au secours, je sombre, je ne contrôle plus rien, tout ce qui a bon gout ou belle allure déclenche en moi une fièvre, je n’arrive plus à résister au tiramisu,  au fondant et au moelleux.


Je casse ma tire lire pour des vétilles, j’ai vu sur Google (13 ans qu’il me sauve la vie ce Google) et c’est écrit que les pulsions viennent avec l’anxiété, j’ai beau chercher, je ne trouve pas de motifs sérieux d’anxiété, je ne paie pas de loyer, j’ai pas un boulot stressant, ni de fils en pleine poussée de dents, ma vie amoureuse n’a jamais été aussi heureuse, et j’adore les couleurs de la saison, non je ne vois pas.


J’essaie de trouver autre chose, ma petite anémie peut-être ? Rien à voir ! Mes oreilles trouées, mon ancienne fracture au bras ?


Ça doit être une faiblesse de caractère, tout simplement, je me ramollis, je me gâte, je régresse vers un stade d’enfant roi : _ Qu’est ce que tu veux ma petite, encore un morceau de ce délicieux gâteau ? Vas-y te prive pas ! Cette veste ? ouiiiii ! Elle n’est pas donnée, mais bon, le Camel c’est indémodable tu sais ?


J’ai assez fait la police à moi-même, non le rappelle pas, non mange rien après 17h et avant 7h, dors pas plus que 8 heures, t’achètes UN truc par mois, UN sac par saison, UNE paire de bottes l’hiver, UNE glace de temps en temps..


Maintenant, je sais qu’on ne rajeunit pas, qu’on vieillit seulement et que les aiguilles tournent inexorablement, et donc je vis, plus pour aujourd’hui que pour demain, les pulsions ont du bon, elles multiplient les plaisirs, et leur assouvissement est toujours coupable même quand il est innocent. 


Le sac en fourrure : C’est fait.

jeudi, septembre 29

Palestine.



Je n’en peux plus de l’hypocrisie,  je n’en peux plus de leur diplomaties, leurs Ferrero Rocher et queues de pie. Ils se foutent des gens, ils se marrent des déportés, des réfugiés, des sans abris et des affamés ; dans leurs hautes sphères, leurs tours d’ivoire, leur hémicycles en marbre noir…


Un état palestinien ? Faut-il encore poser la question ? Un état ! rien que ça ! Donnez-leur un nom, une putain* de chaise dans votre table ronde ! Rien que ça ! Donnez-leur une frontière, un gentilé, un nombre ambulant de population, que les réfugiés puissent se dire : « un jour je reviendrai ». 
Que les mères puissent enterrer leurs fils, qu’on arrête de les trimballer.


Comme les arbres de leurs terres, ces gens sont de là-bas.
Comme les arbres, ils plongent leurs racines aussi loin qu’ils le peuvent.
Comme les arbres là-bas, ils s’entêtent à vivre mille ans...
Leurs cimetières sont mouvants, comme les ruines qu'on leur laisse.


Donnez-leur un état, ce n’est pas une faveur dans le palais des sultans, ce n’est pas une friandise qu’on refuse à un cheval aux dents gâtés,  c’est le droit à la nationalité inscrit dans leurs registres depuis 300 ans, le droit à la terre, le droit au soleil…
Qu’une fois, ils aient le courage...qu’ils aient l’honnêteté de redonner un chiffon au pauvre qu’ils ont détroussé,  la peau de taureau de Didon. 


Si je pouvais leur ôter l’air des poumons, qu’ils sachent ce que c’est que de vivre en asphyxie, en apnée de la patrie.


Et quand tout un peuple clame son droit à l’identité, eux, ils reportent, atermoient et rentrent pour dîner.


Je n’en peux plus de leurs bêtises, je n’en peux plus de leurs serments, de leurs promesses à la Q10, de leurs costumes à trois boutons. 

Donnez-leur un nom, une patrie, un drapeau et une vie.


vendredi, septembre 23

Maman j'ai encore oublié, pardon !



J’ai oublié quelques fois le nom de ma cousine (qui est aussi ma voisine). J’ai oublié des dizaines de fois les clés dans la serrure, l’endroit où j’ai garé ma voiture ; j’ai oublié d’appeler, de rappeler, de décrocher, j’ai oublié d’oublier.


Je me suis oubliée dans le métro, dans les embouteillages, au milieu de la nuit, au milieu d’un rêve qui s’évanouit, j’ai oublié de rêver aussi.


J’ai omis de dire la vérité, j’ai omis de signaler l’erreur, d’estampiller le bonheur. Des numéros de rue m’ont échappée, des noms de gares, et la surface des pays, le diamètre de la terre, la dixième particule de PI, le prix de ma robe quand elle est un peu chère, la couleur de l’aube quand le cœur n’y est plus, et l’odeur de la nuit.


J’ai oublié le bruit des vagues en attendant l’été, et la danse sourde des flocons blancs, l’hiver parisien, le nouvel an, et les lumières d’un stade, une main orangée.



J’ai même oublié l’essentiel, j’ai pardonné par omission, quelquefois la rancune protège, quelquefois non.
Quand on est petits, on nous répète souvent « retiens tout, souviens toi, entasse, apprends » et j’ai appris…en grandissant, on nous dit « oublie » et personne ne dit comment.


Alors maintenant, j’ai la mémoire en passoire, mon sac est un foutoir, mon fourre tout, mon vide poche, mes porte monnaies, tout déborde sauf le souvenir…


J’ai des fois oublié de descendre à la bonne station, j’ai des fois raté la bonne sortie, manqué la ruelle, manqué un battement.


Je navigue entre les trous de mémoire, « que de choses dont je n’ai pas besoin » que des feuilles mortes dans le cerveau encombré, j’en ai oublié et pourtant, avec les anciens codes d’entrée, les mots de passe oubliés, quelquefois, les réminiscences s’amusent.



Et tant qu’on n’oublie pas de vivre…C’était bien hier, tout ira mieux demain.

mercredi, septembre 21

Take it easy...


J’ai flingué ma matinée en lisant un livre triste, un passage de pur désespoir à 9h du matin.


Et j’ai passé les heures qui suivent à me chercher une poussière dans l’œil, une vague dans l’âme, un bémol dans le si…je me suis fabriquée un drame, je voulais que la larme vienne de moi et non de la fiction, je ne crois plus à la fiction.


Des mois à regarder la télé, le casse du siècle, les pays pillés, les révoltes qui se muent en révolution, la poisse, les pieux mensonges, la pourriture des politiques, la fausse éthique des journalistes. Je ne crois plus à la fiction, elle est, et de loin, dépassée par la réalité.


J’ai pleuré donc une Anouk morte, quelque part, une infirmière a vécu sa vie, et j’ai pleuré toutes les mères que leurs enfants abandonnent, tous les enfants abandonnés, et les obèses et les affamés…la tragédie terrestre, et parce que la peine était trop grande, j’ai voulu la réduire à mon échelle, à mon échelle, elle devient poussière, ridicule et empruntée, j’ai eu honte de mes larmes, honte de ma peine, quand on peut sourire, il ne faut pas se priver.


J’ai donc repris mon croissant, mon café, mes rendez-vous retardés, mes bobos, mon bleu de la veille, mon lit défait, Mika efface les relents des mots lus…« Take it easy ».

vendredi, septembre 16

FOU-taises


 Il y a de ces fous qui ne s’assagiront jamais, qui ne veulent que leur barbe et leurs torchons, leur harem et leurs valets, comme autant de siècles qu’on efface de l’histoire, comme autant de mains sur la flamme des bougeoirs et des chandeliers.


Il y a de ces fous qui ne s’assagiront jamais, comme autant de barreaux qui ne les encerclent plus…Les criminels en fuite gagnent en aura, et le RCD lui se terre, ses noms nous échappent parfois, mais celui qui disait oui au diable ne saura plus dire non ! Et les billets verts qu’il tasse dans ses poches reprisés, ne se transformeront pas en terre.


Il y a ce pauvre peuple qui a donné de son sang, de sa voix enrouée, qui a donné de ses jeunes, de sa force, et regardé ses usines brûler, les rues devenir d’énormes présentoirs, la vie encore plus chère, l’argent encore plus rare, et qu’on déchire et qu’on partage sur des tables mi ovales mi losange, l’impunité des anges.


Il n’est pas d’amour heureux, même vers sa patrie, même vers ses gens…Et parfois, il ya le ressentiment. Pourquoi nous ? Je nous pensais…accepte qu’ils soient différents, accepte la bassesse, et la cupidité, il faut de tout, accepte leur illusion de détenir la vérité…accepte ces ombres qui rôdent, et les doutes qui pèsent, et ces fous qui ne s’assagiront jamais.


Ceci est mon pays, il n’est pas parfait, il tangue, chavire et si on ne tire pas il s’en sort, mais parfois ils tirent et j’attends…l’exil dans les rues, et l’exil dans les cœurs qui se ferment doucement, et quand viendra le jour où je ne reconnaîtrai plus la rue, ni les visages masqués, ni la haine du différent dans les regards voilés, quand viendra le jour où on pillera encore les ruines, les caisses et les morts, je cèderai l’envie de folie aux furieux…il n y a pas d’amour heureux.

dimanche, septembre 11

Et pour le reste, il y a MasterCard®



Que nous arrive-t-il enfin ?
On est un 11, une dixième fois, sur les télés ça tourne en boucle, les 120 minutes qui ont scellé nos destins.

8000 Afghans morts pour venger 3000 New-yorkais.

Le sang Américain n'a pas de  prix, et pour le reste, il y a MasterCard®.

Un dictateur sous un puits de pétrole à l’autre bout du monde qui menace leurs têtes blondes, et on abat des milliers d’irakiens.

« Ces gens » jettent la bouffe dans l’océan et se nourrissent paraît-il de pétrole, des oléo-vampires, des faiseurs de martyrs.

Partout où leur argent sale les mène, le paysage est désolant, les oliviers de Palestine sous leurs décombres, les sublimissimes palmiers de Samourra à jamais morts.

Des arracheurs d’arbres et de rêves...Leur catastrophe passe en boucle. Sur les télés, leur angoisse était réelle je sais, la poussière et sa nuit, deux trous dans leur cité gratte-ciel…
Mais tous les jours, ils oublient de montrer la terreur brune des afghans, le sang épais des blessés qu’ils font…
Leur panique est historique, celle des autres est quotidienne, et le sang ailleurs est moins rouge ou plus gris, le sang américain, lui n’a pas de prix.

On a violé leur air une fois, une matinée de ciel bleu. Une fois ! Ils ont connu ce qu’est l’invasion, ce qu’est l’intrusion…une fois ! On a profané leur sainte intégrité…et chaque jour, leurs hommes en vert sillonnent les déserts gorgés d’ors, et narguent les hommes et narguent les morts.


Il y a de ces femmes qui meurent, il y a de ces enfants qu’aucune télé ne filme, des regards qui s’éteignent et dont on ne saurait plus jamais ce qu’ils cachaient, si bien, si mal, si loin.
Même les écrans suivent l’aimant, même la cathode oublie, et la misère, elle, a un prix.


lundi, août 22

Un possible..

Se pourrait-il ?

Qu’enfin je connaisse les rivages rassurants d’une île sans volcan ?


Se pourrait-il qu’à moi aussi, l’âme volatile capricieuse toute de drame pétrie, arrive le bonheur ?


Non pas l’éphémère d’une glace au chocolat, ni le tendre émoi  devant le sourire d’un enfant, ni la beauté vertigineuse de quelque nature grandiose…


Le bonheur pas seulement intense mais diffus.

le genre de bonheur qui ne se conjugue pas seulement au présent, mais aussi au futur...et fait oublier le temps, et fait oublier les blessures.



Se pourrait-il que les pluies tombent une nuit et que du sable brûlé surgisse une fleur ?

Je ne m’alarmais pas, je ne pensais pas, j’oubliais.


 Je pensais que pour être ce qu’on est, il fallait une bonne dose de frustration,  qui engendre une rage, qui engendre des questions…


Je pensais que le bonheur abrutit...que le bonheur adoucit et les écorchures de l’âme et la ferveur des mots, que le bonheur arrondit les coins, qu’il est silence, qu’il est frein.


Se pourrait-il que de l’océan naisse une Atlantide, que le destin attende au détour ?


Que mon cœur connaisse enfin l’amour ?

mercredi, août 3

Leur faim est une honte, la mienne est un rite !


Je suis supposée ressentir le chagrin de l’estomac vide, le chagrin de la soif, parce que la tristesse de l’eau est infinie, mais devant la table du crépuscule, la honte me scie.


Leur faim est ma honte, et ils sont un milliard et demi.


Peut-être, mon jeûne est une solidarité, mais c’est une solidarité inutile, elle ne les rassasiera pas !

Je ne sais pas, je ne sais pas comment tendre la main pour leur donner mon assiette et vider le frigo dans leurs ventres gonflés d’air, je ne sais pas comment sauver leurs enfants agonisants, leurs morts s’entassent sans prendre de place.


Leur faim est une honte.


Pas seulement la mienne, elle est notre honte à tous. Il faut voir, l’argent que facture l’OTAN pour une heure de vol au dessus du ciel Lybien, combien de bouches nourries, combien de bébés repus, mais la vie n’a pas de prix, seul le pétrole compte, seul le goudron noir, un désert qu’ils veulent éventrer, et quelque part, quelque part, des cris ne portent pas, des squelettes marchent et puis tombent, et comme le soleil brûle leurs peaux, et comme leur terre n’a que le sable en dessous, personne n’entend !


Ces Islamistes du Golfe qui interdisent aux femmes de conduire, de voter, de travailler, ces messieurs qui viennent en donneurs de leçons, qui font le jeune -dit-on- pour jeter la bouffe après, leur argent, leur pétro dollars qui leur crèvent le ventre et les poches, où est-il maintenant ?


Dieu, dans nos prières, nous avons des « je », des « mon », et eux, même leurs cœurs résonnent de silence, leur supplice est assourdissant. 


Si le ramadan musulman et la charité chrétienne, n’arrivent pas à les sauver, si l’homme que Tu as crée est si dépourvu de pitié et de compassion, il reste Ton Miracle et Ta Main. 


Si ma faim n’est qu’un rite, si elle commence avec l’aube et finit quand finit le soleil, leur souffrance est un tunnel sans fin, une pierre de Sisyphe qui roule et qui roule.


Leur faim est une honte, leur fin est une honte.

samedi, juillet 16

R.E.M


Le sablier s’évide, puis s’éventre, plus de sommeil.

D’autres que moi ont sillonné ces sentiers, je n’invente pas le monde.

Je ne marche pas sur leurs pas, si mon passé les rattrape, le leur est révolu. Dans mon cœur, leurs papillons sont épinglés depuis longtemps. Les collectionner c’est de l’aura gaspillée. 
Les papillons brûlent à la lumière. Il a dit : que la lumière fut.

D’autres que moi ont posé leur mains sur la rondeur des rampes et battu les marches crevassées des escaliers en ruine, d’autres avaient vécu, d’autres avaient aimé.

Je ne veux pas leur ressembler, ni dans leurs erreurs, ni dans leurs splendeurs. Je veux ma faute et mon pêché.
D’autres que moi, les gens autour, leur enfer, leur paradis, leurs mots bruyants et leur non dit.

 Ces sentiers dont ils parlent, ces tortueuses routes du Sud, que le soleil broie de poussière, je les connais pour les avoir des fois maudites.

Quand on est petit, quand on est petit, le monde se résume en une dent, le pneu crevé du vélo, ou le guidon.
Et puis un jour, on devient grand.

La nostalgie vient toujours avec l’aube et parfois la mémoire trompe.

Vient la lumière qui lave la nuit de mon sommeil. Tout est pareil.

mercredi, juillet 6

Sam des Passes


Ça me dépasse !

Les klaxons sans raison, les jeans troués, les dreadlocks, les cigarettes, les bulles, les boucles en plastique coloré.


Les cinémas cassés, les barbes truquées, les appels de guerre dans la paix des prières.


Parfois c’est plus simple, la passion pour les sorbets, la pastèque, l’aiguille de ma balance, le vernis à ongles jaune...les Porsche, les hypothèques.


La bêtise me dépasse, l’ignorance, l’absence de clairvoyance, l’intelligence sélective, ou régressive, ou fictive, les débats télévisés.

Mon compatriote, ses contradictions, ses mots qui fusent au sud, et ses pas qui mènent au nord, sa perte d’horizons, de repères, de convictions.


Parfois c’est plus simple, comme la philatélie…les cafés glacés tièdes servis sans le sourire, le centre ville infesté d’immondices, les virages sans clignotants, la violence au volant, et ces feux qui ne servent plus à rien, le Tunisien est devenu daltonien…


Ça me dépasse qu’on ne comprenne pas, ni du passé, ni du présent, qu’on ne sache pas ce qui nous attend, qu’on ne saisisse plus ni le fond, ni la surface du problème.


Je suis passée de mode, parce que finalement, ses effets ne me touchent plus, je ne ris plus des mêmes blagues ni ne partage les vidéos, des chansons et des mollahs, et des mix de l’été…


Tout me dépasse parce que la terre ne tourne plus rond, ou c’est moi, ou c’est la vie…ou j’ai manqué un battement ou est-ce leurs cœurs qui ne battent plus…leurs moulins à paroles, leurs folies, leurs quatre roues, leurs mensonges et leurs serments.


Parfois c’est plus simple, comme les bonbons aux fruits, les yaourts 0% et la glace à la vanille.