vendredi, décembre 28

wanting a meal...


M. carter parcourait le monde à la recherche du bon cliché, de bengladesh à new york, il éternisait en des clics des moments anodins qui devenaient spectaculaires à l'autre bout du monde...
un jour en Niger, entre les mourants, un jour...au soudan.
c'est la bas qu'il decrocha le prix de tous les prix, il avait reussi enfin a emouvoir mais a quel prix? il avait comme toujours pris une photo au détour...tout semblait calme une journee comme on trouve des milliers dans ce pays de faim. le ciel etait beau et limpide, la terre seche exhalait en fumee sa poussiere des jours arides...un vautour, un oiseau, rien de plus, attendait. un repas qui venait et revenait.il attendait patient cette fin imminente, c'est cette faim imminente que M.carter prit dans l'éclat d'un jour comme tous les jours d'avril...le vautour attend une fille, et cest comme si elle priait, et sa prière comme sa faim sont restés sans appel...un long râle d'agonisant et le vautour attend...
c'est une fille noire et desséchee qui sous le soleil clément se meurt sans un bruit, une enfant qui n'a jamais connu le repos de la satiété s'en va de ce monde seconde par seconde, dans la désolation...le vautour est patient.
M.carter prit cette photo en reglant le flou, cette petite fille mourait et son esprit s'embrumait sous le soleil clément...elle ne voit plus, n'entend pas le clic d'un appareil photo. M.carter se positionna afin de cadrer le vautour, qui attendait encore, qu'arrive son tour...
wanting a meal, ce cri d'un bébé qui n'a jamais hurlé, cet oeil perçant d'oiseau qui a su pourtant trouver, là où les hommes ont faim de quoi se gaver...
wanting a meal, elle meurt, elle agonise, n'espère plus à la vie, elle veut juste savoir à quoi ressemble le bonheur avec un ventre plein, à quoi ressemble la non-faim.
M.carter est mort, il s'est donné cette mort, ses minutes passées à règler l'objectif ont tué sa vie de conscience torturée...on se croit assez fort pour regarder la mort comme un scalpel, comme une pierre de tombe, sans qu'on ne tremble...mais M.carter a su que manger quand ce crie le tue devient un crime en soi...wanting a meal non pour passer l'apres midi a regarder la télé, non pour manger entre deux à midi...wanting a meal parce que je meurs sans...parce que, agonisant...
M.carter est mort, cette fille est toujours là, sur cette photo, gisant et le vautour attend, le temps s'est suspendu sur ce dernier rale, elle n'est jamais partie, jamais morte, et c'est ce vautour qui espere un diner, cette agonie amorphe sur pellicule brulee par le soleil de juillet...

ma belle tunisie, tes courbes enjolivent l'afrique, ta crête défie l'europe, tes couleurs, ta joie ta séduction ??
A ce pays que j'aime tant, je dédie un premier article.

mon pays me hante, il peut tellement faire mieux mais ces gens preferent rotir au soleil...nos bureaux sont vides mais nos cafés sont pleins, on dit que le pays va mal, mais les caddies debordent, on dit que la jeunesse est bafouee mais nos boites ne desempilent pas...
ce pays de toutes les contradictions m'a vue naître, grandir, tellement que je m'éloigne et le regarde de loin, aussi tendrement qu'une mère, aussi froidement qu'un scalpel...c'est une Tunisie en rouge que j'ai vu, une Tunisie en fête, déchirée et heureuse de l'être entre tradition et émancipation. la Tunisie est singulière...