lundi, octobre 1

La vérité si vous mentez.


   La foi prise en photos, les prières télévisées. Des versets  pour endiguer les grèves, des versets pour empêcher les rassemblements, de l’appropriation de la croyance à toutes les sauces, on a eu tout cela et plus.


   Des promesses non tenues, oui, on en a eus. Des femmes violées sur les bancs des accusés comme au temps de Ben Ali, mais dans ces temps ténébreux, c’était l’impunité de ses gens, et maintenant, nous voilà avec la bêtise des foules : elle l’a bien cherchée.


    On a eu les coupures d’eau, d’électricité, on a eu les barrages des vendredis, les mosquées vides mais les rues pleines, on a eu une école brûlée et 4 tunisiens morts pour défendre l’islam. Drôle de façon de punir les USA. On a eu la peste, on a eu le choléra. Il ne manque que la vérité.


   On a eu l’orgueil de se croire les meilleurs, de se croire les élus, l’orgueil de penser que la légalité fait la compétence.

  On a eu l’indécence des soupçons et les trop faciles théories du complot, on a eu toute l’artillerie lourde des demandes de compensation, il ne manque que la vérité.

   On est restés des heures scotchés à entendre 80 ministres entre radios et télés, jour après jour nous abreuver de futur du conditionnel, nous abreuver de tout va bien, tout est rose, toutes les promesses ont été faites, tous les serments. Tous les postes sont pris, tout y est, il ne manque que la vérité.


   La vérité c’est l’humilité de dire : nous avons échoué, c’est la sincérité d’avouer s’être démené sans résultats, d’avoir fait de faux calculs, d’avoir parfois trop pensé au parti et pas assez à la patrie, la vérité c’est de dire : non, nous ne pourrons pas, nous passons le flambeau, nous n’avons pas les compétences, nous n’avons pas le nécessaire, nous avons trahi, nous avons failli. De tous ces flots de mots, de tous ces discours, de toutes ces heures d’écoute écoulées à berner et à berner, on a tout entendu, ne manquait que la vérité.


     Mais c’est bien connu, elle est si difficile à dire, et c’est bien connu aussi, elle est la dernière chose qui sort de la bouche des politiciens, même ceux qui prétendent si bien, être irréprochables. Leur morale est une fable.


    On a connu la violence au nom de la foi, on a connu la mort au nom de la foi, ils ont tout servi à petites bouchées, il ne manquait que la vérité.  


    Comment écrire le coup de gueule, quelles lettres pour transcrire le hurlement à la lune ? Y'a-t-il une manière de dire NON, fort, vraiment fort, tellement fort que tout s'arrête un instant et qu'on recommence : sans mensonges, sans violence, sans division ?