jeudi, mars 31

Je prends note


Je prends note :

Ne fais pas l’idiote, ne parle pas trop fort, pas dans ta barbe, pas pour ne rien dire. Dis, mais ne médis pas ! Souris mais en retenue, chante, mais à mi-voix.


Je prends note !

Ne piétine pas la neige, ne piétine pas la pluie, ne t'extasie pas devant le premier rayon de soleil, ne t’émerveille pas de rien.

Ne nous bouscule pas ! Ne nous rabâche pas nos frêles oreilles avec tes oh ! Et tes ah !


Je prends note

Tiens-toi bien droite, vite mais ne cours pas, viens tôt, ne rentre pas trop tard.

Ne passe pas la journée sous ta couette, ne sors pas trop souvent, ne t’endors pas beaucoup, ne manque pas de sommeil.


Je prends note, de tout.


Je me moule démoule, remoule mille fois, il y a toujours une fêlure.


Quelque chose dérange dans le sourire ou la larme dans l’émotion qui transpire.


Sois de glace sois de marbre, reste humaine en tout cas.


Je prends note, on apprend de rien et on dort moins bête, si on dort, toutefois.

mardi, mars 15

Dolce Vita !




Si la racine retrouvait sa terre, je ne serais plus un nénuphar suspendu à la surface de l’éther.

Je suis olivier, arbre, bois et paume huilée. J’ai fait le tour de la méditerranée sans penser, et puis j’ai vu que le soleil a beau être grand, il brille différemment sur les plaines de Carthage et le sang de Carthage qui bat : boum boum, au rythme de la darbouka.

Le vert qui borde nos routes est précieux, mon jean est trop bleu. Sidi Bou Saïd m’éclipse d’humilité…et quand Carthage se profile, la grandeur d’une reine te prend à la gorge.

J’ai des envies de Marcel Khalifa sur la route de la Marsa, des envies de glace chocolat vanille, des envies de café sur la falaise de Gammarth…mes envies tunisoises sont des gourmandises patriotiques, mes envies de fondant parisien sont trop éthérées, purement digestifves…nullement indispensables.

Et là devant la mer, tout sonne comme un besoin, tout est poignant même la soif devient affaire d’état.

Sur fond de Zucchero, quelque chose d’italien m’étreint devant la Corniche, comme une dolce Vita révolue, comme du Fellini ressuscité, si vous saviez si vous saviez la beauté qui nous appartient.

Mes amours tunisoises, mes amours d’asphalte, mon attachement viscéral à quelques virages familiers, à quelques pignons de rue, à quelques sons, et senteurs

Des cercles, des jasmins enserrés, du nord fleuri piqué sur la palme du sud, des mechmoums à profusion sur fond d’iode…des cercles blancs sur les oreilles curieuses des passants.

Je ne mesure pas mes jambes, je n’ai que des pédales, flâner à Tunis se fait sur quatre roues, les reste est littérature et pollution, n’empêche, j’ai toujours des encadrés de vitres à moitié ouvertes et des chansons de radio quand je revois la ville, rien ne se fait sans une carcasse mobile…rien ne se fait sans le vent dans les cheveux sombres, sans l’envie de s’attarder avec fond de klaxons.

Quand la racine retrouve la terre, c’est comme un pic dans un cardiogramme mourant, je suis une systole manquée, je suis battement.

Il est un vert nouveau à Tunis, des hommes en vert, il est un char devant mon école et un char devant ma boutique et un char devant ma maison, il faut être à Tunis pour aimer décorer les chars des fleurs sans saisons, des envies de jeter des baisers aux soldats, de se transformer en Marilyn le temps d’un été et sur les balcons de la Goulette des Cardinale splendides : dire merci au féminin…le romanesque tunisien.

Il est un son nouveau, et le bleu est le même, le ciel caricatural de splendeur, les terrasses bondées conjurent un sort, la mer est insultante d’azur, et le soleil ne connaît pas de révolution, de grèves, d’abjuration. La terre continue à tourner même si le Japon a bougé. C’est comme ça à Tunis, les journaux content un ailleurs et la seconde bouche le sablier. C’est comme ça dans la ville des voiliers, des marins puniques, des beys.

Quelque chose aux abords du Café Journal te fait oublier le monde autour, quelque chose dans les cris d’enfants du parc à coté et les mouvements félins des chats du quartier.

Un son de Bouchnak résonne dans la nuit banlieusarde et les fumeurs perdus dans leurs volutes sucrées, tirent, tirent sur un mégot mourant, l’espoir d’une renaissance des cendres, d’une aube rose sur les collines millénaires.

Et là devant la mer, tout sonne comme un besoin, tout est poignant même la faim, les bambalounis sont émouvants dans leur sucre collant, et les ganneria n’ont jamais été aussi coquines, quelque chose de Brahem dans l’air quand je longe le port et des envies, encore et encore d’un thé vert et amer…

mercredi, mars 9

Les fables Tunisiennes



Zaba est mort, Zaba est vivant, fabulations sur un même thème.


Que Leïla est en train de prendre un bain (de sang) dans la suite du fils de Kadhafi.


Que le gouvernement est franc maçonnique parfois satanique, 99% sioniste.


Que la femme Tunisienne a eu beaucoup plus qu’elle ne mérite et qu’il est temps qu’elle rentre chez elle pour laisser homme blanc tunisien travailler, par chez elle, j’entends maison gratuitement et généreusement octroyée par homme blanc tunisien.


Que Rached Ghannouchi est aussi blanc que neige, il faut excuser l’acide et les gens morts, il faut excuser le meurtre parce qu’il prie cinq fois par jour pour le salut des pauvres pêcheurs que nous sommes. Il faut excuser l’homme parce qu’il a pris des rides et des cheveux blancs, il faut excuser le crime parce qu’il a été commis quand on était enfants. Et si dieu est pardon, pardonnez-nous d’être humains.


Que le mauve est parti en profondeur, tu peins du rouge sur du mauve et tu vois que ça vire au Bordeaux et que ça pue le moisi.


Que les tunisiens sont égoïstes et rusés, Ras Jdir prouvent que les Tunisiens méritaient vraiment ce prix Nobel : fable subjective trop émotive et sans réelle distance mais tout de même !


Que le gouvernement est transparent, le cristal tunisien n’est pas celui de bohême apparemment, la transparence tunisienne a quelques leçons à apprendre sur les lois de l’optique.


Que la genèse d’une démocratie est un accouchement non déclenché, par la tête et sous péridurale.


Que le mot : dégage est un mot tunisien.


Que le mot : engage ne sonne pas aussi bien.


Que Psycho M est un homme super cultivé doctorant en histoire et géopolitique qui s’est par patriotisme abaissé à chanter du Rap (fable dangereuse).


Que la Kasbah et la Kobba sont des revers d’une même pièce.


Qu’il suffit de décapiter une pieuvre pour faire sauter les tentacules et dans le même raisonnement, de remplacer la tête pour atrophier les tentacules.


Qu’il faut se méfier de tout, du premier ministre, des petits ministres, des grands hommes, des gens moins connus, du fruitier du coin et même de sa propre femme (la prudence n’est pas une fable pour autant).


Et que finalement il y avait un avant 14 janvier, quand nos fables se résumaient à une croyance désespérée que nous ne pourrions jamais faire sauter un dinosaure de président.

vendredi, mars 4

je ne trouve pas de titre à ma fierté


Comme un sentiment d'être arrivée à bon port, que tout ira mieux demain, comme un sentiment d'un coureur qui franchit la ligne, et qui vient de boire sa première gorgée d'eau, être nouveau.
l'avenir est radieux, non, ne dites rien, les doutes je les mets de coté, les si, les oui mais, tout ce qui corrompt la perfection du moment, on savoure, je savoure une naissance, le vagissement est merveilleux.
J'ai confiance, j'ai confiance !
Je suis trop utopiste, les mots me font vibrer, les mots me désenchantent et le mots me sauvent, Je n'ai pas peur de dire, oui, le pouvoir des mots sur moi, le discours d'un roi (temporaire, et toute sa légende est dans son éphémère)...
Je suis influençable, je suis trop poétique, les mots me transcendent, les mots me touchent plus Que tout, oui, c'est ainsi, il est dans le mot une force pour laquelle je m'incline, mais seulement quand ce mot est vrai, quand ce mot et juste, qu'il en devient nécessaire, qu'il en devient un mythe.
Le chemin est long et les mots on les dit en une seconde...le chemin est long et la démocratie, que dire de ce terrible enfant ?
Le chemin est long et le pays souffre, sa frontière saigne et même son sang est beau.
Que dire des mercis qui pleuvent avec la pluie ?
J'ai parfois des amnésies de mémoire et des amnésies de fierté et puis je vois ce grand homme parler, tunisien
Je vois ces hommes de l'armée au frontières donner à boire, donner de l'espoir, je vois du pain pétri par nos gens, tunisiens...migrer vers le sud, je vois la bonté prendre le chemin de la crête vers le désert...
J'ai parfois des oublis et puis un flash de gratitude et un flash de fierté et des envies d'embrasser les mains des généreux, et les fronts de leurs mères..des envies de crier avec un sanglot dans la voix, magnifique toi ! magnifique Tunisie, merveilleux pays.