jeudi, février 24

Vous allez tous M(o)ûrir...


On aura tout vu pour cette année…

Des dictateurs « fermes » un premier discours, mous pour le deuxième et tout sucre tout miel pour le 3ème,…

Année de la liberté, 2011 ne finit pas de nous étonner.

Star inconditionnelle, de la cruauté, de l’inhumanité, Kadhafi les surpasse tous, moi qui pensais que ni Ben Ali ni Moubarak n’aimaient leurs pays, je les trouve bien aimants, bien gentils, qu’ils étaient bons, de ne pas lâcher leurs bombes, le gentil matou a lâché une milice, le gentil Phénix à lâché les chameaux et le cruel Kadhafi a bombardé son peuple, des civils, non armés, impuissants, a-t-on vu pareille ignominie avant ??

Peut-on croire que le pouvoir aliène autant, qu’on puisse sacrifier tant de vies humaines pour un trône ?

Moi qui pensais qu’on a eu droit à une famille de criminels, je redécouvre horrifiée jusqu’où peut aller l’horreur surtout quand elle est fertile et qu’elle engendre huit fils, les uns plus mortels que les autres.

Kadhafi aurait fait le pitre à l’ONU, aurait insulté les Etats Unis dans nos télés en leur offrant ses pétrodollars derrière nos dos…il aurait déchiré toutes les chartes et offert le coran aux italiennes fêtardes, on aurait continué à rire de ses frasques des siècles encore, Kadhafi est passé du clown, au grand méchant loup, on le voyait burlesque, il est maintenant effrayant, le pétrole noircit les cœurs et les poches, le pétrole colle aux doigts comme du sang.

42 ans de pouvoir, 42 ans de crimes de meurtres de vol et finir en tortionnaire, comment peut-on envoyer le libyen pour tuer le libyen, comment peut-on les survoler de haut en lâchant la mort ou les regarder en face pour crever leurs têtes ??

Longtemps, ils ont été relégués aux oubliettes de l’histoire, analphabètes par « ses » soins, lui qui leur disait que l’école est inutile…

Représentés par le plus fou, le plus curieux des présidents, que dis-je, le frère colonel, chef de la révolution Kadhafi.

Quelle mascarade, tristement drôle et long discours, des parapluies à tripoli…

Tristement drôle Kadhafi…

samedi, février 19

On m'avait dit : après


Des gens écrivent l’histoire, d’autres la vivent et d’autres la regardent.

On ne peut pas aimer son pays modérément, on l’aime dans l’excès, on l’aime malgré tout, contre tous, plus que nous ou alors, on ne l’aime pas.

On n'a pas le droit de changer l'histoire des autres et de leur ôter les épées et de supprimer leurs traités de guerre et leurs traités de paix. On n'a pas le droit de leur dessiner leurs moutons, leurs troupeaux et leurs bêtes noires, on n'a pas le droit de condamner indéfiniment.

Donnez un bout de liberté à des assoiffés de liberté et vous aurez une cacophonie en bruit de fond, attendez que l’ivresse passe, et c’est seulement à ce moment-là que la démocratie commence.


Finalement, il n’y a plus d’histoire il n’y a que des historiens.


Vous voulez instaurer la pagaille, quelques ingrédients infaillibles, quelques bouts des théories du complot, un pan de la main d’Israël plus la toute puissante Amérique, saupoudrez d’islam et de laïcité et lancez les gens dans la rue ou sur les murs et les écrans.


Tout le monde peut se penser héros, mais rares sont ceux qui le sont vraiment.

Tout le monde se proclame héros quand l’autre alternative est le crime pour haute trahison.

Le parlement est une entité sensée représenter le peuple libre, le parlement tunisien est une entité qui représente le peuple incarcéré et interné dans des unités de soins psychologique…


Si la démocratie m’était contée..


Un pincement au cœur en me rappelant des hommes de ce pays, ils doivent bien se marrer ou pleurer en voyant les cadres de TUNISAIR demander des augmentations de salaire.


Comment faire abolir une dictature ? Nous ne savons toujours pas, on sait juste abolir.


Les siècles ont des histoires d’amour avec les mots, pour 2011, ce sera dégage, ce n’est pas forcément fin ni poétique, mais on n’est plus dans les temps désuets…


Il y a des pays qui fabriquent des grippes, d’autres qui ressuscitent le choléra et puis il y a la Tunisie qui a fabriqué le virus liberté 2.0, contagion par à-coups, premier syndrome : le peuple dans la rue, légèrement extatique, très souvent blessé et des pancartes polyglottes pour le mot liberté...


En marge d’une révolution restent les épaves des lauriers et des mechmoums piétinés, des barbelés et des barbelés, des chars pacifiquement établis, des hommes en vert, des hommes en bleu, des hommes en gris, et la conscience d’un poids, le mot n’est plus superflu, n’est plus courtois.

Et la conscience de l’être, et la conscience de la voix.

mardi, février 15

l'amour libre


Ils me diront joyeuse saint Valentin, merci, ma plus belle histoire d’amour c’est avec elle, oui elle, je sais ce n’est pas orthodoxe, ce n’est pas commun, j’aime une femme, toute en courbes et rondeurs, une baigneuse méditerranéenne. Je l’ai eue dans le sang.

Joyeuse saint Valentin je veux bien, mon amoureuse va mieux, merci de demander, on se tient par la main, et avec elle, j’ai oublié l’amour égoïste, je la partagerais avec 10 millions qu’importe, elle m’aimera autant.

Ma plus belle histoire d’amour c’est elle, on a eu des querelles parfois, je l’ai quittée pour mieux la retrouver, et elle est de plus en plus belle, et elle sent si bon, les roses altéreraient la blancheur du jasmin à son cou.

Ma plus belle histoire d’amour c’est toi pays, joyeuse révolution, un mois déjà, si tu crois que je ne crois plus en toi, tu te trompes, qu’ils te saccagent, qu’ils te pillent, qu’ils oublient de travailler pour toi, tu n’es pas né hier, on t’a brûlé il y’a mille ans, et comme un phénix, tu as survécu.

Bien sûr, j’ai eu des histoires un peu moins belles, il y avait le chocolat pour sauver les dégâts et cette année, l’Assida, en plus folklorique, un petit peu moins calorique.

En ce dernier mois d’hiver alors que le printemps arabe commence et que d’autres suivent les sentiers battus de mon amoureuse toute de rouge vêtue, je lève mon verre de thé, vos verres de champagne, de pisco, de caffé, à l’amour de ma vie !
Buvez à sa beauté, à sa liberté retrouvée, buvez à la santé de ses hommes..

Et en ce jour de naissance d’un grand homme, prions pour les âmes de ses martyrs d’amour. De mille façons, ce pays les pleure aussi.

Joyeuse saint valentin je veux bien, joyeux Mouled aussi et joyeuse liberté ! merveilleux 14, moi qui pensais que je n’aurais droit qu’à des févriers moroses de petits désespoirs de la mauvaise nuance des roses et du chocolat au lait au lieu du chocolat noir…

Merveilleux hiver, merveilleux février, ton 14 est sauvé des envieux de l’amour, en ce jour, nous sommes tous des épris de liberté.

vendredi, février 4

انا حرّ


J’écoute en boucle un poème magnifique qui parle de l’identité arabe…

On a tendance à oublier ce point commun : arabe, tant les gouvernements nous éloignent, tant le foot enracine en nous la nation plus que l’union, tant nos dictatures et nos problèmes sont différents.

Pourtant, quand mon cœur se serre par amour pour elle, cette lointaine Égypte dont je me souciais peu, quand mes yeux pleurent leurs martyrs et que leurs horreurs deviennent les miennes, alors, oui, je suis de nouveau arabe, et plus seulement tunisienne.

Quand au fond de moi, mon cœur bat d’espoir pour eux, les égyptiens, les yéménites, les syriens, les algériens, quand mon cœur se serre d’appréhension, pour leurs traîtres et leurs tyrans, quand je compare rien ne vient, chaque pays est différent mais le cœur est le même…

J’écoute en boucle ce merveilleux poème et quelque chose de Che revient : libérez-vous ! Et que si la démocratie devient tunisienne, j’aurais toujours une pensée pour l’arabe opprimé, l’arabe torturé, l’arabe sous silence, lui qui pour liberté a choisi le plus beau mot au monde, qui pour dignité a choisi une mélodie.
Dans cette langue qui nous unit, ces lettres qui nous lient, nos plus belles paroles sont celles de la fierté…

Quelque chose comme un parfum de jasmin est dans l’air du désert, quelque chose devient essentiel, et nos mots calligraphiés en encre noire et secrète, deviennent des cris perçants.

Arabes, hurlez d’indignation jusqu’à ce qu’on entende vos mots désapprouvés : liberté, liberté, liberté !