mercredi, janvier 26

Halte ! démocracie en chantier


Désenchantée fébrile, je suis les infos, encore, toujours,pas moyen d'arrêter. Si seulement le flux le voulait.

Khadafi fidèle à lui même, nos enfants toujours pas à l'école, nos rues, toujours désertes à minuit, le sud qui s'invite à la capitale, un syndicat trop politique à mon goût, un gouvernement, trop mitigé pour être provisoire...
Les gens ont-ils oublié le sens de temporaire, a-ton fait notre révolution trop vite?
Puisque nous ne sommes plus capables d'attendre notre perfection démocratique, nos sommes des bébés bruyants de la liberté, nous pleurons, crions, rions, le tout aux éclats, avons été trop silencieux dans le cocon, dans l'enclave, à trop porter le silence, nous ne le supportons plus, nos babillages sont amusants un temps, mais là, ils deviennent nuisibles, nous remplissons l'espace, consommons jusqu'à l'overdose notre nouveau statut de peuple libéré.

Je suis heureuse pourtant des balbutiements égyptiens et je sais que comme nous, ils auront leurs moments de doute, que comme nous, passé l'euphorie de l'instant, ils endosseront le fardeau du choix, la liberté est responsabilité ou ne l'est pas.

Désenchantée fébrile, désenchantée parce que j'ai l'impression que personne ne comprend l'ampleur des dégâts à trop vivre dans la léthargie du "post-jasmin".
C'est fini, on remballe, les fleurs attendront l'été et les journaux et les télés en parlent, on peut aller travailler.
personne ne comprend mais tout le monde sait que nous n'avons ni pétrole ni or ni diamants, nous n'avons que nous, magnifiques nous, libres nous, mais rien que nous !

Je comprends les doutes, je suis fébrile aussi, j'ai mes soupçons, j'ai mes terreurs, mais ma seule et unique conviction c'est qu'il faut avancer malgré tout, et savoir attendre...la patience est une vertu inespérée, rappelons-nous de Bourguiba et de la politique par étape, si nous ne tirons pas des leçons du passé, notre passé, nous n'aurions rien appris.

Désenchantée parce que je pensais trop naïve peut-être que la Tunisie serait assez mature pour la démocratie, qu'elle sauterait les étapes. A trop sur estimer, on a vite fait de désenchanter.

Fébrile parce que je garde espoir et que j'ai développé comme tous les tunisiens un don pour l'impatience.

L'avons-nous fait trop vite cette révolution ? Avons nous accouché prématurément ?

2 commentaires:

sarra a dit…

Merci d'avoir évoqué Bourguiba et sa politique des étapes..merci d'avoir exprimé le fond de ma pensée..je rajouterais juste qu'"Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.."Churchill ...

Mima a dit…

quelques mois après, je vois que nous apprenons un peu, nous grandissons, et j'espère que nous n'aurons pas à "revivre notre passé"