vendredi, septembre 23

Maman j'ai encore oublié, pardon !



J’ai oublié quelques fois le nom de ma cousine (qui est aussi ma voisine). J’ai oublié des dizaines de fois les clés dans la serrure, l’endroit où j’ai garé ma voiture ; j’ai oublié d’appeler, de rappeler, de décrocher, j’ai oublié d’oublier.


Je me suis oubliée dans le métro, dans les embouteillages, au milieu de la nuit, au milieu d’un rêve qui s’évanouit, j’ai oublié de rêver aussi.


J’ai omis de dire la vérité, j’ai omis de signaler l’erreur, d’estampiller le bonheur. Des numéros de rue m’ont échappée, des noms de gares, et la surface des pays, le diamètre de la terre, la dixième particule de PI, le prix de ma robe quand elle est un peu chère, la couleur de l’aube quand le cœur n’y est plus, et l’odeur de la nuit.


J’ai oublié le bruit des vagues en attendant l’été, et la danse sourde des flocons blancs, l’hiver parisien, le nouvel an, et les lumières d’un stade, une main orangée.



J’ai même oublié l’essentiel, j’ai pardonné par omission, quelquefois la rancune protège, quelquefois non.
Quand on est petits, on nous répète souvent « retiens tout, souviens toi, entasse, apprends » et j’ai appris…en grandissant, on nous dit « oublie » et personne ne dit comment.


Alors maintenant, j’ai la mémoire en passoire, mon sac est un foutoir, mon fourre tout, mon vide poche, mes porte monnaies, tout déborde sauf le souvenir…


J’ai des fois oublié de descendre à la bonne station, j’ai des fois raté la bonne sortie, manqué la ruelle, manqué un battement.


Je navigue entre les trous de mémoire, « que de choses dont je n’ai pas besoin » que des feuilles mortes dans le cerveau encombré, j’en ai oublié et pourtant, avec les anciens codes d’entrée, les mots de passe oubliés, quelquefois, les réminiscences s’amusent.



Et tant qu’on n’oublie pas de vivre…C’était bien hier, tout ira mieux demain.

3 commentaires:

illusions a dit…

J'ai aimé, aimé, aimé ce magnifique texte...

Moi, j'aime tant oublier, mais je n'y arrive jamais...

Je n'ai oublié que mes clés, ma tête quand j'ai aimé et le nom de ceux qui à genoux me priaient, de ne pas les oublier...

Mais ce que je désire tant oublier, ne veut jamais s'effacer...

Mima a dit…

Merci.
ce que tu dis "ce que je désire tant oublier, ne veut jamais s'effacer..." est si vrai, j'avais l'intention de le dire et puis je me suis dit que j'écris sur l'amnésie, et que quand j'écrirais sur la mémoire, j'en parlerais de ces souvenirs récalcitrants..

ice a dit…

Moi je n'oublie presque rien. Je n'aime pas oublié, je déteste oublier meme si que je reconnais que ça peut soulager parfois mais bon rien ne veut partir.