mercredi, août 5

du cri et d'autres démons


Depuis quelques temps je parle beaucoup, conséquence désastreuse j’écris peu…

Depuis quelques temps, je pense avoir perdu mon duvet de naissance, épilation spirituelle oblige, j’ai perdu l’espoir dans la force de l’encre ou du clavier et je crie comme tous les autres autour de moi…

Je crie dans ma voiture et je pense même que parfois je jure, timidement faut dire, laissez-moi du temps l’habitude viendra de solliciter la mère, le père, parfois une tante éloignée et les pauvres grands parents depuis longtemps enterrés.

Et puis je crie dans les cafés et les clubs bondés, avec un baffle à un million de hertz qui m’éclate les tympans, je préfère mieux le son de ma propre voix stridente, ce qui est marrant, c’est que la musique n’a pas intérêt à s’arrêter, parce que je suis généralement en train de médire avec la personne à droite de moi sur la personne qui est à gauche…je n’y peux rien, la faute à l’encre qui manque ou le clavier, comme il vous plaira.

Je crie parfois sur le frangin, cette manie qu’il a de jeter ses vêtements tout autour de l’armoire et jamais dedans, avant, j’en riais et bien maintenant, je suppose que mes voisins connaissent l’étendue de mes octaves et mon "sol" défaillant.

Et puis mes neveux, ce sont des enfants me direz-vous ? L’autre fois ma nièce a fait tomber un plat rempli de sauce rouge bien, rouge, bien huilée sur le sol que je venais de nettoyer…avant je soupirais, maintenant je hurle, à la pleine lune…au plein soleil !

Laissez-moi vous dire que j’entame enfin ma transformation en tunisienne pur sang, râleuse avec une voix super aigue, qui ne supporte plus les embouteillages en chantonnant une chanson, ma radio est en panne en plus ! Et je ressemble de plus en plus à maman, je finis par avoir son impatience, son côté maniaque…et les suraigus de sa voix !

Je lui disais toujours, maman, je ne crierais jamais comme toi, je parlerais calmement au téléphone (maman croit que quand elle parle avec mon frère qui est tout le temps à l’étranger, elle doit crier parce qu’il est loin.euh de quelques milliers de kilomètres), je lui disais, je ne crierais pas parce qu’il y a une miette au sol et je ne dirais rien à mes petits enfants qui jouent en sautant sur les canapés du salon…je lui ai dit ça…

Faut dire qu’il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis, je ne suis pas une idiote, alors parfois, maman regarde calmement la télé et moi je hurle derrière mon petit neveu pour qu’il arrête de désordonner les coussins du salon ! Et parfois quand ma copine part à Hammamet, je pense qu’il est plus judicieux d’élever le ton, 60 kilomètres, c’est beaucoup tout de même, les câbles risquent de faire faiblir la voix…je vous le disais, voilà !

Le monde change…y’ a des gens qui ne connaissent plus le son de leurs voix, entre texto, mails et écrans interposés, dans la solitude des appartements de ville où les valises ne sont jamais défaites…

Je ne veux pas connaître ça, je veux qu’on m’entende de mille et une façons, qu’on dise, cette folle au volant, cette voisine énervante, cette tante hystérique…de toute manière, les gens parlent tout le temps et oublient aussi.

Et l’autre soir, dans les fiançailles d’une cousine, la musique s’est arrêtée pile avec « mais sa robe est moche » criée à tue-tête ! Maintenant, je fais plus attention aux chansons, j’anticipe leurs chutes…euh, et je ne parle plus de la mariée, je ne parle que des invités, un peu moins de rancune finalement.

2 commentaires:

TunisiaMum a dit…

Crier pour être entendue... ou crier pour s'entendre qu'on existe. Crier pour évacuer sa colère ou sa peur... Et après tout pourquoi pas...
Je pense qu'y a des bons cris et des mauvais.
Crier au téléphone avec la famille au bled, j'ai un mari qui en est l'expert. Crier sur les gamins, alors qu'on s'est juré d'être zen avec eux, ça nous arrive réguliérement...
S'améliorer, c'est un des buts de nos vies, nan?

Essayer de prendre le pas sur la colère, et trouver des remèdes sur les cris, permets d'évacuer mieux... Mais toujours reconnaître nos émotions du moment, qui nous font crier... ça fait déjà retomber les octaves ;)

Mima a dit…

après deux semaines de thérapie, j'ai en effet perdu quelques octaves..je me retrouve un peu..hier encore, il y a un con qui a éraflé ma voiture alors qu'elle était parfaitement garée..eh bien j'ai dit calmement mais tristement : "rabbi yahdih" :-)